philosophie

vers un numérique praticable

L’autonomie est en jeu dans les choses qui nous entourent. Elles peuvent nous outiller, nous rendre capables, et multiplier les options possibles.

À l’inverse, quand les objets, les services, les interfaces, les algorithmes font à notre place plutôt qu’avec nous ; qu’ils nous obligent à faire ; qu’ils automatisent ou nous automatisent ; c’est notre autonomie qui manque de s’exercer, de se ramollir. Et nous de nous endormir dans un monde qui requiert notre attention lucide.

Nous développons des propositions concrètes dans des champs qui méritent toujours plus d’autonomie : champs politique, éducatif, écologique…

Et partout, le numérique change la donne en matière d’autonomie. Sa nature programmable, duplicable, calculante, invisibilisante et impréhensible peut augmenter ou réduire nos capacités à faire, agir et penser. Nous interrogeons la numérisation des mœurs et ses fondements : les manières de voir et de montrer le numérique, de le produire et de le vendre.

Nous critiquons les tendances à l’œuvre pour distinguer l’utile du nuisible.

Quand on fait passer le numérique pour immatériel[1], qu’on invisibilise du même coup son empreinte environnementale et les conditions de ses travailleurs·euses,

Quand les moindres faits et gestes numériques traduits en données personnelles s’échangent comme n’importe quelle marchandise sur des marchés qui assurent les revenus de certaines des plus grandes entreprises du monde,

Quand les concepteurs·rices cherchent à automatiser des fonctionnements et réduire les marges de manœuvre des choses et des personnes,

Quand les déchets électroniques pèsent plus que la muraille de Chine[2] mais que nos équipements ne se réparent pas,

Quand une fonction pensée par une poignée de personnes conditionne les usages d’un milliard d’autres,

Alors il n’a jamais été si important de faire un numérique (dé)réglable, (dé)connectable, (dé)codable, (dé)programmable, réparable

Bref, praticable.